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Dix ans.

Un temps orageux. La tempête faisait rage et Denis sentait le vent et la pluie fouetter ses joues, il marchait d'un pas pressé, impatient d'être enfin au chaud, et au sec. Il marchait la tête baissée, ses cheveux noirs un peu trop longs tombaient devant ses yeux qui fixaient le sol au travers de mèches. Enfin il aperçut le musée, il pressa encore le pas.

Il y travaillait depuis deux ans, il avait 28 ans maintenant, et luttait toujours pour ne pas s'installer dans cette routine si caractéristique des "gens sérieux" tels qu'il les appelait, tel qu'il ne voulait pas devenir. Se couler dans le moule et vivre au milieu des autres, aussi aveugle mais aussi calme. Denis ne le voulait, il en combattait même l'idée, persuadé que changer le monde tient dans la main de ceux qui le veulent, et qu'ils n'ont qu'à s'en rendre compte. Il passait pour un doux rêveur auprès de ses amis, pour un illuminé auprès des autres, mais qu'importe, il était sûr de lui.

Il s'engouffra par les portes tournantes, et apprécia quelques instants la chaleur du hall d'entrée. Il salua ses collègues et se dirigea directement vers l'aile de l'astronomie, où il travaillait comme guide. Il avait son propre bureau, ou plutôt un placard à balais arrangé en bureau par un supérieur qui ne supportait plus de le voir errer dans les couloirs lors de ses pauses. Il y entra, posa sa veste sur son fauteuil, s'assit. Se releva, il ne supportait toujours pas l'inactivité. Il décida de faire un tour dans l'aile, et se dirigea vers la salle d'observation.

Denis marchait le long d'un couloir d'un pas calme, dans ses pensées, quand ses yeux furent attirés par une porte dont il lui semblait qu'il ne l'avait encore jamais vue auparavant. Il s'arrêta devant, la contempla. Il se sentait bête à regarder une porte, mais se demandait pourquoi elle ne lui disait rien alors qu'il connaissait tout l'étage. Elle ne portait aucun écriteau pouvant indiquer ce qui se trouvait derrière, Denis se promettait de demander à quelqu'un quelle était cette salle quand l'un des astronomes de l'observatoire en sortit. Denis sursauta, puis le reconnut et lui serra la main. Après quelques mots de conversation et en prenant un air faussement léger, il osa demander "euh au fait je ne connais pas cette salle, vous savez ce qui s'y passe?". Question stupide par excellence à quelqu'un qui en sort. Cependant l'homme parut troublé, expliqua que c'était une salle d'expérimentations mais qu'elle devait rester secrète, bredouilla quelques excuses et s'enfuit d'un pas peu assuré.

Denis tenta de ne pas y faire attention, et s'en alla de même, se rappelant qu'il avait devant lui une longue journée. Cependant l'idée de cette salle commençait à l'obséder, et il se rappelait du trouble du scientifique à sa question. La curiosité commençait à le ronger, il se résolut à aller voir par lui-même ce qui se trouvait de l'autre côté, à la fin de la journée. L'inquiétude grandissait en lui, il ne savait pas pourquoi.

Sa journée terminée, il s'enferma dans son bureau, prétextant du travail à finir. Lorsqu'il fût certain que personne n'allait le déranger, il sortit et se dirigea vers cette simple porte qui piquait tant sa curiosité.

Le coeur battant, une fois arrivé il regarda autour de lui et sortit de sa poche un passe-partout qu'il possédait, ouvrit la porte, puis entra dans la pièce et referma derrière lui. La pièce était très sombre et ses yeux durent s'habituer à l'obscurité. Il avançait en même temps, mais se heurta à une paroi, qui semblait être du verre. Il distingua une sorte de grande cage allant du sol au plafond et s'étendant sur une dizaine de mètres. Il retrouva un interrupteur, l'actionna et regarda autour de lui et distingua plusieurs autres cages, de tailles différentes, environ une dizaine disposées dans la pièce. Au milieu de la salle qui était ronde, se trouvait un grand bureau, il s'en approcha. Dessus se trouvaient de nombreux dossiers de notes prises par des observateurs, il en ouvrit quelques-uns et les feuilleta pendant quelques dizaines de minutes. Il n'arrivait pas à comprendre.

Les notes parlaient de systèmes solaires, d'échelles réduites par les scientifiques, d'observations scientifiques mais aussi sociales, il lut des histoires de mondes, des résumés politiques, des chronologies, mais il n'arrivait toujours pas à comprendre. Sur un pan de mur se trouvait un écran géant, il alla l'allumer mais rien ne s'afficha. Il posa les dossiers et s'approcha de l'un des cages, il colla ses yeux à la vitre.

Denis n'en crut pas ses yeux. Il avait devant lui, dans cette cage, comme l'espace en miniature. En se concentrant, il peut distinguer le soleil, et deux planètes qui gravitaient autour, quelques astéroïdes mais rien de plus. Il lui fallut quelques secondes pour réaliser mais aucune explication rationnelle ne lui venait. Il se mit à aller d'une cage à l'autre, découvrant à chaque fois un système solaire avec des planètes différentes. Il se rendit compte qu'en appuyant sur un bouton qui se trouvait sur la paroi, il pouvait afficher sur l'écran géant un grossissement du système, et distingua des dizaines de sociétés et de cultures à des stades d'évolution différents. Il vit des mondes paisibles, plus ou moins développés, et passa des heures à observer certains habitants des planètes, allant d'une cage à l'autre. Seule une cage restait mystérieuse, la plus grande, celle qu'il avait vue en premier. le verre qui la constituait était trop sombre pour qu'il pût voir à travers, et il ne trouvait pas le bouton pour activer le grossissement à l'écran.

Il chercha quelques minutes dans les dossiers et lut ceci dans un rapport d'observations :

"En ce qui concerne le Système Solaire n°512, nous avons décidé d'arrêter les recherches après avoir effectué les observations suivantes: les individus de cette planète nommée Terre ne semblent pas être sensibles à quoi que ce soit. Bien évidemment il existe certains cas isolés, mais trop peu nombreux pour être significatifs. La mentalité d'une partie de ceux qui semblent être les dirigeants de cette planète est caractérisée par une avidité de pouvoir, un mépris de leurs semblables, une volonté de destruction incontrôlable. Nous avons vu des peuples se déchirer pour des chefs qu'ils ne connaissaient pas, pour des raisons incompréhensibles nous avons vu des massacres pour des haines irraisonnées, nous avons vu des guerres mondiales et des actes isolés affreux. Nous avons décidé d'arrêter toute observation et de rendre toute tentative d'accès à ce système impossible ainsi que de l'enfermer, au vu des risques d'explosion ou d'auto-destruction que présente cette planète."

Le dossier était daté de dix ans auparavant, l'année 2005 pour la Terre.

Plus bas était écrit le code à inscrire sur un clavier en dessous de l'écran pour obtenir un grossissement de la planète Terre. Denis hésita, mais il voulait savoir. Il s'approcha du clavier, et tapa le code, l'image s'afficha au bout de quelques secondes.

Sans la Terre.

_____________

J'espère que je suis toujours bienvenue ici... Pardonnez-moi j'ai regardé Le jour d'après ce week-end..

 

Prose de Katja, le Mardi 8 Février 2005, 01:30 dans le monde "Mondes macroscopiques".

Commentaires :

Songe
16-02-05 à 20:35

Excellent, vraiment, j'en redemande si tu es toujours motivée pour écrire  !!

Dernièrement je suis passé plus souvent par ici et l'envie m'a titillé à plusieurs reprises de récrire, je pense que je vais m'y remettre.

Bisous et merci de cette publication :) !!

Songe


 
Katja
18-02-05 à 14:26

Re:

Merci à toi Songe, de me laisser libre ce lieu d'imagination et de création. Au plaisir d'y revoir tes publications, j'aimerais moi aussi y consacrer de nouveau du temps... à une prochaine alors ?

bisous


 
Songe
18-02-05 à 16:33

Re: Re:

A très bientôt même, pour le plaisir de reccopérer dans l'écriture; je ne devrais pas tarder à publier un nouvel article par ici :)

Bisous